Publié le
27 janvier 2024
, mis à jour le
27 janvier 2024
Par
Muriel Max
A lire...
Lettre ouverte de Lisa Sion, déléguée d'Israël au Keren Hayessod France :
"Je reviens d'un pays où j ai vu des hommes et des femmes, tristes et silencieux.
Si j avais pu parler à chacun d'entre eux et à chacune d'entre elles, Edna m'aurait dit que ses deux fils Ofek et Guy sont au front depuis 112 jours. Talia m'aurait dit que Joseph son mari est parti à la guerre et qu'il ne reviendra plus. Shelly m'aurait dit que son fils Omer est otage à Gaza depuis 112 jours. Miriam m'aurait dit que son frère Salomon a été blessé après 2 mois de combats héroïques.
Je marche dans les rues de Jérusalem et je croise leurs regards.
Edna est en route pour son bureau. Elle est à la tête du Keren Hayessod, elle récolte des fonds pour Israël.
Talia vient d'arriver d'Herzlia et se rend chez ses beaux-parents, les parents de Joseph.
Shelly se rend dans un hôtel où elle va raconter à des diplomates venus d'Europe ce qu'elle vit depuis le 7 octobre mais surtout ce que doit vivre Omer, innocent otage capturé par le Hamas.
Miriam sort de l'hôpital où se trouve son frère grièvement blessé, elle est en retard pour aller chercher ses enfants à la maternelle.
Au croisement de cette rue à Jérusalem malgré le froid de ce mois de janvier et les pas rapides de chacune de ces femmes, dans leurs regards je peux voir de la chaleur, leurs yeux qui brillent et leurs émotions.
Ne vous méprenez pas, elles sont tristes et silencieuses car elles sont humaines, en fait, elles sont l'humanité avec un grand H.
Mais elles sont aussi pleines de vie et d'espoir, pleines de rêves et de projets.
Pour elles-mêmes mais aussi pour Ofek, Guy, Joseph, Omer et Salomon.
Pour les rêves de leurs enfants, de leurs frères et aussi de leurs maris qui ne sont plus car Joseph ne reviendra pas mais ses rêves continueront à vivre à travers Talia, ses parents et à travers vous, à qui j'écris aujourd'hui et qui perpétuerez son histoire.
Si vous voyagez à travers le monde et que vous visitez des monuments majestueux, que vous êtes éblouis devant des paysages merveilleux, venez voir mon pays. Dans mon pays vous serez éblouis par des hommes et des femmes.
Chacun d'entre eux et chacune d'entre elles, est plus solide que le plus grand des monuments, plus inspirant que le plus beau des panoramas.
Ces hommes et ces femmes savent d'où ils viennent et où ils vont, ils font partie d'une histoire et surtout d'un peuple.
Et lorsque toi, venu de France pour te porter bénévole, tu t' approches d'une d'entre elles et tu lui parles, elle te regarde dans les yeux. Elle te reconnait. Car son histoire est ton histoire, car tu fais partie du même peuple et de ce pays.
Et qu'elle t'aime tellement sans encore te connaître réellement. Elle t'aime tout simplement."